Mon jeu du moment : ressortir des fils que j'ai depuis un certain temps, et pour lesquels je n'ai pas encore trouvé le modèle qui les mettra en valeur.
J'achète la plupart du temps mes fils sans projet prédéfini, sur un coup de cœur, dans des quantités qui permettent de réaliser le type d'ouvrage que je réalise habituellement : occasionnellement des pulls et des cardigans, mais le plus souvent des châles et des étoles, en quantités industrielles. Parce que c'est assez facile de laisser libre cours à son imagination pour créer des châles. Parce que l'échantillon est rarement crucial (la jauge par contre l'est, et ça ne dispense donc pas de faire un échantillon pour vérifier que le point rend bien ce qu'on en attend, en termes de visuel comme de drapé). Parce que c'est facile à offrir et que ça fait toujours plaisir aux femmes de ma famille.
Quand j'achète mes fils, j'ai la plupart du temps une idée vague de ce que je pourrais faire avec. Mais parfois, je suis déçue par le rendu : ce que j'avais en tête ne se matérialise pas sur les aiguilles ou le crochet.
Ce fut le cas pour deux pelotes achetées à Muriel, du Jardin des Fibres (Insta, site web) une artiste de la teinture, dont les stands sont une grande joie pour l'œil sur les salons laineux.
Une Mérinosweet ("Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore", une composition de couleur qui pourrait se rapprocher de "Devdas"), et un BB mérinos ("Bérénice," un rouge somptueux). Les deux allaient ensemble, il n'y avait aucun doute, et les couleurs me plaisaient beaucoup. Mais j'ai fait trois tentatives infructueuses, deux sur la base de mon imagination, puis j'ai tenté le Daybreak de Stephen West, un classique qu'on ne présente plus. Mais je n'étais pas satisfaite, et j'ai remis en pelotes.
Et puis, sur la base d'une idée que j'avais déjà explorée avec d'autres fils multicolores (un modèle dont je n'ai pas encore écrit la fiche avec le Mérinos d'Arles de Lã nollin), j'ai fait des rayures larges en mousse. Et cette fois, ça matchait, les couleurs étaient parfaitement mises en valeur.
J'étais en train de me dire que j'allais écrire la fiche pour l'offrir à Muriel. Et là, coup de théâtre : j'étais en train de tricoter mes dernières rayures, et de réfléchir à ce que j'allais faire avec le reste du fil rouge (mon idée initiale était une bordure dentelle, mais j'ai détricoté deux tentatives qui ne me plaisaient pas), quand je suis tombée sur un post Instagram de Muriel, qui était en train de bloquer... quasiment le même châle. Vous pouvez aussi le voir dans la vidéo de son installation "portes ouvertes".
Cette synchronicité m'a laissée pantoise, tout en me confortant dans l'idée que ces rayures sont une bonne manière de rendre justice à ce duo de fils.
J'ai terminé le mien avec, pour finir, une rayure rouge plus large qui permet de plonger dans les profondeurs de ce beau rouge, et un rabattage en picots, qui répondent bien aux petites dents construites au fur et à mesure sur le bord des rayures.
De très petites différences pour finir avec le "Sumida" de Muriel. Du coup, je m'interroge sur l'intérêt de publier une fiche... À vous de me dire !
Pardon pour le stylisme photo, qui laisse pour le moins à désirer, mais je vous le montre à plat pour qu'on voie la forme du bord haut, qui s'incurve aux extrémités par le jeu des augmentations. Si finalement je fais une fiche, j'irai le mettre en scène à l'extérieur, par exemple sur les épaules de mes statues favorites dans les jardins de Toulouse.
Modèle : Synchonicité (pas encore de fiche, ça peut venir si vous la demandez)
Fils : Le Jardin des Fibres
- 1 pelote de Mérinosweet "Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore" - 100% mérinos - 300m / 100g
- 1 écheveau de BB mérinos "Bérénice" - 100% mérinos - 400m / 100g
Aiguille : circulaire 4 mm