13.3.12

Le sac dont vous n'aurez jamais la fiche...

J'avais pourtant bien préparé mon coup...

Inspiration Joseph Albers pour le motif de lignes noires, soigneusement calculées sur une petite grille Excel après un repérage au centimètre des proportions sur un tirage de la reproduction de ce beau tableau...

... choix d'un rouge bien pétard comme je les aime (cet hiver, mon trio de couleurs, c'était rouge, gris noir, vous n'avez pas fini d'en voir :-)... avec des photos impossible à prendre au numérique, le rouge bouge tout le temps, mais j'avais préparé d'abord la photo du premier morceau de sac avant montage pour faire la fiche technique :

A plat

Puis le sac monté avant feutrage, énorme même si on ne s'en rend pas compte sur la photo, mais calculé à partir de mes échantillons de feutrage précédents, et ceux d'Annette avec le même fil : pas le même jour, pas la même lumière, pas le même rouge, mais bon, pour des photos techniques, ça pouvait passer (et j'aurais peut-être tenté une petite retouche 'toshop pour rééquilibrer les couleurs, là, vous avez le brut de shoot).

Monté avant feutrage

En sortie de machine, après un passage à 40°, ça ne donnait rien, mais rien de rien, que le même machin informe d'avant feutrage. Têtue, je l'ai remis deux fois, et je suis allée jusqu'à 90°, je n'avais jamais osé faire ça sur de la laine (mais j'ai des soupçons quant à la capacité de ma machine, qui se fait vieille, à monter vraiment l'eau en température). Même pas fait de photos, tellement j'étais déçue...

Dans ces cas là, je laisse le "truc" dans un coin de mon salon, pas trop en vue parce que ça me donne la rage, mais pas trop loin non plus, pour me laisser le temps de cogiter ce que je pourrais en faire. Tout y est passé : découpage en maniques, en chaussons, poubelle direct... mais quand même, je voulais mon sac, et il y avait quand même pas loin de 800 g de fil dans le "machin", donc ça me faisait quand même mal de le jeter... même si créer, c'est parfois rater aussi, et donc gaspiller...

Le week-end suivant, ma colère était tombée, et je me suis dit que je pouvais tenter de retailler dans le morceau. Armée d'une craie de tailleur, je lui ai refait les formes sur le côté, avec une ligne en poire légèrement évasée sur le bas, j'ai coupé dans le vif, et j'ai pris une grosse aiguille à laine pour refaire les coutures de côté, remonter l'anse, cousue avec deux perles de bois noires, et enfin la grosse perle rouge, issue d'un très vieux collier que j'avais démonté il y a déjà un moment, et que j'ai sauvée des convoitises de ma nièce, car je savais déjà que je voulais en faire le fermoir de ce sac. Et je l'ai remis une dernière fois en machine. J'ai eu des bouloches rouges partout, malgré la vieille serviette de toilette mise en machine avec l'objet pour capter la bourre qui se produit toujours quand on feutre, mais au final, je ne regrette pas d'avoir laissé mûrir ma décision. Vous n'aurez jamais de fiche, car il est impossible de recalculer précisément le nombre de points nécessaire (j'ai fait mes courbes de côté quasiment à main levée, et d'ailleurs mon sac n'est pas tout à fait symétrique) et je ne vous infligerai pas 4 passages en machine pour obtenir un sac. Mais celui là aura sa doublure : la consécration du sac, que je teste d'abord sans, pour voir comment il se comporte à l'épaule - celui là est très agréable à porter, l'anse crochetée en rond avec un crochet N° 8 et 4 fois feutrée est très moelleuse - posé par terre avec son barda dedans - il tient très bien et ne se renverse pas, même sans les poches intérieures, le bazar reste en place. J'ai déjà mon tissu, un reste de taffetas à carreaux rouges et noirs qui sera parfait pour le rendre bien cosy. Me reste à tirer ma flemme pour dépiler toutes les boites de laine et sortir la machine à coudre qui dort dessous : ce sera pour quand ma péri-arthrite aura définitivement cessé de me faire mal, encore 3-4 séances de kiné à mon avis !

Mais bon, sur mon manteau gris, il a de la gueule, non ? Il la mérite bien, sa doublure :-)

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Demain ou après-demain, je vous parle du snood rouge qu'on aperçoit dans mon col...

5 commentaires:

olivia_via a dit…

J'ai remarqué que les machins très gros (et donc très lourds) peinaient à feutrer : leur tendance à se détendre en machine contrecarre le rétrécissement dû au feutrage.
Enfin , peu importent les aléas, le sac est très beau.

Anonyme a dit…

Ah oui, très classe !
Vu la taille finale du "machin", effectivement, il devait être immense avant feutrage / découpage !
C'est ce que je trouve le lus dur au crochet : quand une pièce n'a pas du tout le rendu prévu, et qu'il faut arriver à la détourner pour que ça donne quelque chose. Mais vous y arrivez très bien, comme pour le reste !

Lydia a dit…

Joli résultat, ces péripéties n'auront pas été inutiles ! Petite astuce : le truc super utile pour feutrer c'est "casser" la fibre avant le passage en machine. On prend un "scratch" (la partie avec les picots) et on l'applique sur toute la surface du tricot avant le passage en machine, ça ouvre la fibre et ça m'a permis de passer de "plusieurs passages à 90 °C" à "un seul passage à 60 °C" quand je feutre, ce n'est pas négligeable !

Val a dit…

Quelle aventure ! Tu as bien de la patience et de la ténacité. Mais tu ne nous dis pas si il a finalement feutré ? Le résulta a de la gueule, c'est clair, et il est superbement porté.

Labijoutisse a dit…

C'est vraiment très joli avec votre manteau et la tache de rouge qui apparaît autour de votre cou.