5.4.20

Atelier masques !

Évidemment, rien d'original dans mes fabrications du week-end : je pense que nous sommes des millions de couturières et couturiers à fabriquer des masques en tissus dans nos appartements, et pour certains dans leurs usines, reconverties à l'arrache pour aider nos soignants.

Je me suis beaucoup interrogée sur l'intérêt de fabriquer des masques en tissu, notamment à cause des discours officiels sur le sujet, qui nous décourageaient d'en porter, allant jusqu'à nous dire que c'était contre-productif voire dangereux, et en tous cas inutile de porter un masque si on n'était pas soignant ou atteint du covid-19.

Avec le recul, et beaucoup de lectures, j'en suis arrivée à la conclusion que les seules motivations, au demeurant criminelles, de ces discours, c'est que la France manque de masques, par une inqualifiable imprévoyance d’État, et que nos gouvernants nous voient comme des idiots et des égoïstes. Idiots qui ne seraient pas capables de comprendre la différence entre se protéger et protéger les autres, égoïstes qui ne prendraient pas la peine de mettre un masque si cela sert surtout à protéger... les autres.

La vidéo #Mask4all explique parfaitement comment, si nous portons tous des masques, nous limitons fortement la propagation du virus, notamment de la part des porteurs sans symptômes qui, en l'absence de tests massifs, ne savent pas qu'ils ou elles sont contagieux. Porter un masque quand on sort, ce n'est pas se protéger, mais faire un acte de civisme qui nous protège collectivement.



Précisons que j'ai découvert cette vidéo grâce à un remarquable billet de blog dans Mediapart, qui explique la stratégie des Tchèques pour lutter contre l'épidémie, et démonte au passage une "fake-news" colportée par les grands médias sur un soi-disant vol de masques destinés à l'Italie par les autorités tchèques.

Ajoutons que la semaine dernière, l'AFNOR, autorité de certification française officielle, a publié une norme, offerte gratuitement avec deux patrons, pour la fabrication de masques artisanaux en tissu.  Enfin, s'il m'en restait encore, cette vidéo d'un médecin du travail et ancien médecin du service de santé des armées, a achevé de balayer mes doutes.

Oui, porter un masque est utile. Particulièrement si tout le monde en porte.
Notons que le port du masque s'ajoute aux autres mesures barrière et ne les remplace pas. Il en renforce simplement l'efficacité.

Edit du lundi 6 avrilun  papier de Libé découvert en prenant mon café ce matin, qui confirme l'opinion que je m'étais faite, sans même avoir vu passer l'avis de l'Académie de médecine. Je suis rassurée sur mes capacités de discernement en période de crise.

Ce week-end, j'ai donc sorti la MAC et mes tissus.
Je vous préviens, mes masques ne sont pas forcément très esthétiques, ni très bien finis d'ailleurs. Mais pour cette première mini série, mon objectif était de tester 4 modèles de masque sous deux angles :
  • simplicité de réalisation,
  • confort au porter.
La simplicité de réalisation est essentielle : un masque en tissu, qui joue le même rôle qu'un masque chirurgical, c'est à dire éviter de transmettre virus et bactéries quand on tousse, éternue, postillonne..., doit être changé toutes les 4 heures. Si d'aventure nous devons aller travailler avec dans un avenir proche, en comptant les temps de transport, il en faudra jusqu'à 3 par jour. Je vous laisse faire vos calculs, mais on voit tout de suite qu'il nous en faudra davantage que de paires de chaussettes pour tenir la semaine :-)

Je voulais également que mes masques passent à la machine à 60° (recommandation de l'AFNOR). Ils sont donc forcément en coton, et avec des liens à nouer, en coton eux-aussi, parce que les élastiques, à 60°, ils ne vont pas résister longtemps, et ce n'est pas forcément très confortable à porter.

J'ai donc adapté les modèles choisis pour y passer un lien à la manière de Craft-Passion, qui utilise un lacet, ce qui est assez astucieux. Comme je n'en avais pas sous la main, j'ai fabriqué du biais maison dans une housse de couette en coton que je venais de mettre "hors circuit", car elle commençait à se déchirer le long des coutures.

Sur la base des préconisations de l'AFNOR, je n'ai pas prévu d'insérer de filtre dans mes masques. Ils ont simplement double ou triple épaisseur de tissus selon les matériaux employés.

Voici mes essais.



Modèle : Craft Passion (il a été abondamment relayé dans les médias français, le CHU de Grenoble l'ayant proposé lorsqu'il a fait appel aux couturières bénévoles pour équiper ses personnels non soignants - Cependant, depuis, les masques avec une couture médiane verticale sont déconseillés)
Tissus : jean recyclé pour l'extérieur, toile de coton (housse de couette) pour l'intérieur

Pas le plus facile à faire (coutures en courbe et crantage), mais pas insurmontable non plus pour une couturière moyenne comme moi.

Je l'ai essayé avec et sans barrette nasale, mais j'ai toujours de la buée sur les lunettes. S'il est sympa côté esthétique, il n'est pas très bien adapté à ma morphologie, et a tendance à me glisser sur le nez. Enfin, je le trouve un peu oppressant pour respirer.




Modèle : Norme AFNOR, bec de canard
Tissus : jean recyclé pour l'extérieur, toile de coton (housse de couette) pour l'intérieur

Facile et rapide à faire, peut-être le plus facile de ceux que j'ai testés. En revanche, je le trouve un poil petit, même pour moi (pour Dino n'en parlons pas). Peut-être parce que la toile de jean est assez rigide et ne s'étire pas (sur la photo de la norme AFNOR, on a l'impression qu'ils ont utilisé un textile plus souple).
Plutôt confortable, un peu bizarre esthétiquement (mais bon, on va tous avoir des drôles de look ces temps-ci), n'empêche pas de respirer et n'altère pas trop la voix non plus.
J'en referai peut-être en agrandissant légèrement le patron, ou en changeant de tissu.



Modèle : Norme AFNOR, masque à plis
Tissu : 3 épaisseurs de toile de coton (housse de couette)

Sans doute le plus facile de tous à réaliser : la base est un rectangle avec 2 plis. J'ai ajouté une gorge sur les côtés pour coulisser mon lien.
Il est assez confortable à porter, mais, pour être bien ajusté sous le menton, nécessite de nouer le lien en haut de la tête - alors que pour les deux précédents, on noue dans la nuque. Vous me direz, le week-end prochain, c'est Pâques, et ce sera donc tout à fait dans le ton.
Si je compare avec le dernier testé, je me dis qu'on pourrait peut-être arranger les choses en le faisant un peu plus haut.



Modèle : copie de masque chirurgical. J'ai utilisé les dimensions du tuto de Douce Parenthèse, un peu plus haut que celui de Makerist, sur le même principe
Tissus : 3 épaisseurs de toile de coton (housse de couette)

Le type de plis est un peu plus casse-pied à faire (notamment parce qu'avec mes trois épaisseurs de drap, les épingler est un challenge, va falloir que je m'achète des pinces), et j'ai modifié les côtés, pour faire une gorge permettant de coulisser mon lien.
Assurément le plus couvrant, il fonctionne pour moi comme pour Dino, et ne baille pas sous le cou même avec le lien noué sur la nuque.
Revers de la médaille : je le trouve un peu oppressant à porter. Et si je ne mets que deux épaisseurs de tissus, pas sûre que ce soit suffisant.

J'avais aussi envie de tester celui de Catherine Boutten, simplissime à faire et qui doit bien fonctionner puisque les fronces réalisées à l'aide du lien jouent le même rôle que les plis. Mais je ne suis pas parvenue à trouver le tuto complet avec notamment les dimensions et les étoffes utilisées.

Edit du dimanche soir : deux articles de blog intéressants d'une ingénieure textile qui est aussi couturière pendant ses loisirs :
En relisant bien ses billets, les specs AFNOR, et après quelques furetages complémentaires, je pense que le 3 plis en 2 épaisseurs de toile de coton devrait fonctionner. Et pour simplifier la confection des gorges pour passer mon lien, je ferai l'extérieur du masque plus large, comme dans ce tuto.

A suivre donc...

Et vous, vous avez fabriqué des masques ?
N'hésitez pas à partager vos meilleures expériences et vos liens vers des patrons en commentaires !

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