Pour démarrer ce second épisode d'un feuilleton qui apparemment passionne ;-) précisons que je ne donnerai pas de recette reproductible avec des quantités mesurées : Andie, comme toutes les teinturières, est un peu "magicienne", et de son propre aveu, monte ses cuves "au pif". Exactement comme vous qui ne pesez pas la poignée de sel que vous mettez dans votre pot-au-feu.
Ensuite, Andie vit dangereusement, dans la manière dont elle prépare son hydrosulfite par exemple (il faudrait mettre l'eau d'abord et non la poudre, porter des gants et des lunettes de protection... ahem), et il n'est pas forcément recommandé aux teinturières néophytes de faire la même chose qu'elle.
Enfin, sachant pertinemment que je ne referai jamais ce type de teinture chez moi (en appartement, on oublie), je n'ai absolument pas cherché à noter la quantité d'ingrédients. Et puis, il faut laisser aux teinturières un peu de leurs secrets, c'est dans la tradition, et de leur mystère, c'est leur charme :-)
Si vous cherchez de la documentation plus complète, vous en trouverez sur internet, par exemple chez Tricofolk, Micky, ou encore dans des livres ou des DVD spécialisés, Dominique Cardon et Michel Garcia étant visiblement des experts reconnus. Vous pouvez aussi interroger votre moteur de recherche favori, en français ou en anglais.
Sur le plan de la chimie, et juste pour comprendre tant soit peu les phénomènes à l’œuvre, il faut savoir que le pastel et l'indigo ne sont pas solubles dans l'eau, et que, pour pouvoir les transférer sur le textile, on va les "réduire" pour "monter la cuve" (oui je sais, les termes ont l'air contradictoires, mais c'est comme ça !!).
Dit plus clairement, il faut d'abord rendre le milieu basique (pH 11 environ), ce que l'on peut faire à la chaux ou à l'hydrosulfite de sodium si j'ai bien tout compris, puis supprimer l'oxygène de l'eau, ce qu'Andie a fait au fructose, qui n'est pas le seul moyen, mais sans doute un des plus écologiques. On peut aussi le faire avec des fruits mûrs, mais comme l'été à été, comment dire, un peu absent au bataillon cette année, les poires du verger qu'elle avait envisagé d'utiliser n'étaient pas assez sucrées pour cet usage.
Voici donc en photos comment nous avons monté les cuves... à ne pas forcément refaire chez vous si vous n'avez pas déjà une grande pratique.
Le mélange qui tue... (vu comme ça bouillonnait dans le verre mesureur quand Andie a commencé à diluer son Hydrosulfite, on s'est demandées si le récipient n'allait pas "fondre").
... dans la cuve de pastel.
Après ajout du fructose, il faut remuer énergiquement (on s'est relayées, parce que mine de rien, c'est physique).
On obtient une mousse bleue : la fleurée, dont la couleur évoque bien ce que l'on peut obtenir sur le textile.
Et on couvre pour laisser reposer. De mémoire, on touille 4 fois, espacées de 20 mn.
Pendant que le pastel pose, on répète le même processus pour monter la cuve d'indigo...
Essorage des feuilles...
Le jus est couleur confiture de cerise, mais il laisse des traces bleues sur le seau, là où la couleur s'est déjà oxydée.
Hydrosulfite...
... fructose (seul moment où on a vu la balance apparaître)...
... touillage énergique...
Le bleu de la fleurée est plus intense et plus violet aussi.
Comme vous voyez, Andie n'a peur de rien. En réalité, sur la peau, la couleur part très bien, même au simple savon (c'est vrai aussi si un fil teint à la teinture végétale dégorge sur vos doigts pendant que vous le travaillez), mais c'est un poil plus problématique sous les ongles... comme quand on dénoyaute des fruits pour faire les confitures.
La cuve d'indigo est elle aussi recouverte de son plateau.
Chacune prépare ce qu'elle va mettre dans la teinture, qui va d'abord prendre un bain d'eau claire. Le but est double : d'abord et surtout retirer l'air des textiles (si on remet de l'oxygène dans la cuve, elle est fichue), mais aussi pour permettre à la couleur de se diffuser de manière régulière.
Mon sac qui sentait le mouton part au fond de la bassine d'eau : comme il est déjà crocheté, le risque qu'il reste des bulles d'air dedans est plus important, donc il va tremper plus longtemps, et il ira dans la teinture en dernier, car il risque de neutraliser la cuve.
On attache soigneusement les écheveaux de Nathalie avant qu'ils plongent aux aussi dans l'eau : pour éviter l'emmêlage, on prévoit 4 liens de fixation "en huit" (on sépare les brins en deux, et on croise le fil d'attache entre les deux séries de brins) par écheveau... sans trop les serrer, sans quoi on obtient un effet "tye & dye" pas forcément souhaité.
La suite au prochain épisode...
1 commentaire:
C'est teCHnique dis-donc!
Belles photos avec les mousses de couleurs.
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